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Crise Bénin-Gabon : quand le clavier fissure le rêve panafricain.

La récente flambée de tensions sur les réseaux sociaux entre des internautes béninois et gabonais aurait pu n’être qu’une banale querelle numérique. Pourtant, sa virulence et la nécessité d’une intervention diplomatique, révèle une fracture plus profonde. Cet épisode, loin d’être un cas isolé est un miroir qui expose le fossé entre l’idéal de l’unité africaine et les réalités locales, souvent marquées par les anxiétés économiques et la primauté du sentiment national.

Il y a le discours officiel du panafricanisme, porté par les gouvernements et les institutions continentales. Un discours qui promeut la libre circulation, la fraternité entre les peuples et un destin commun.

Dans cette vision, un commerçant béninois à Lambaréné n’est pas un étranger, mais un Africain sur une terre africaine. C’est l’esprit des traités et des grands sommets.

En face, il y a la réalité du terrain. Sur un marché où la compétition est rude et les places sont chères, la solidarité s’arrête souvent aux frontières. La perception d’une concurrence économique, réelle ou fantasmée, suffit à transformer le « frère africain » en « étranger » qui prend la place ou les ressources d’un « national ».

La crise a démarré sur une querelle très concrète d’attribution de places de marché. L’affaire bénino-gabonaise met en lumière une vérité fondamentale. Lorsque les difficultés économiques apparaissent, l’identité nationale redevient le premier refuge.

L’étranger africain, même culturellement proche, devient alors une cible facile, un bouc émissaire pour des frustrations qui sont souvent internes.

Cela montre la fragilité d’un sentiment panafricain qui n’a pas encore suffisamment infusé les consciences populaires.

Quel enseignement tirer de cette crise numérique ? Le panafricanisme ne peut être seulement un projet d’élites ou un ensemble de déclarations politiques. Pour exister, il doit s’incarner dans le quotidien des citoyens.

Il faut une éducation qui valorise une histoire partagée mais aussi des politiques d’intégration qui démontrent les bénéfices tangibles de la coopération pour tous.

Sans ce travail de fond, l’idéal restera vulnérable au moindre dérapage verbal sur les réseaux sociaux.

L’incident entre internautes béninois et gabonais est donc un avertissement. Il rappelle que pour que l’unité africaine devienne une réalité vécue, elle doit apporter des réponses concrètes aux préoccupations des peuples.

Autrement, le rêve d’un continent uni continuera de se briser sur le clavier des réalités nationales.

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